Les auteurs ont analysé 13 études incluant 478 participants atteints de divers types de cancers (sein, prostate, colorectaux, hématologiques…). Ces essais contrôlés randomisés évaluaient les effets de programmes d'exercice supervisé sur la FMD, principal indicateur non invasif de la fonction endothéliale.
Les modalités variaient : entraînement aérobie seul ou combiné à de la musculation, durées entre 4 et 24 semaines, intensités modérées à élevées.
La méta-analyse montre que l’exercice améliore significativement la FMD, avec une augmentation moyenne de +1,61 % par rapport aux groupes témoins (IC95 % : 0,78 à 2,43 %, p < 0,001).
Cette augmentation, bien que modeste, est cliniquement significative, car une élévation de 1 % de la FMD est associée à une réduction de 8 à 13 % du risque cardiovasculaire selon les données populationnelles.
En résumé : l’exercice agit positivement sur l’endothélium, même chez des patients immunodéprimés, âgés, ou en cours de traitement.
- Les entraînements combinés (cardio + renfo) semblent légèrement plus efficaces que l’aérobie seul.
- Des interventions d’au moins 12 semaines sont associées à des bénéfices plus marqués.
- L’exercice reste efficace même durant le traitement oncologique actif (chimiothérapie ou hormonothérapie), ce qui contredit les craintes d’interférence ou de surmenage.
Comme toute méta-analyse, celle-ci est tributaire de la qualité des études incluses. Plusieurs points limitent la généralisation :
- Échantillons réduits, souvent < 40 patients par groupe
- Manque d’homogénéité dans les types de cancers, les modalités d’exercice, et les outils de mesure de la FMD
- Peu d’études avec un suivi à long terme, ce qui laisse la question de la pérennité des effets ouverte
Néanmoins, les résultats sont robustes, avec une faible hétérogénéité (I² = 23 %), ce qui renforce leur fiabilité.
Cette étude confirme que l’exercice est un levier vasculaire chez les patients atteints de cancer, et ce dès les phases précoces du traitement. Elle soutient l’intégration systématique d’un suivi en activité physique adaptée (APA) au parcours de soin oncologique.
Pour les cliniciens :
- Ne pas attendre la fin des traitements pour orienter vers un programme d’exercice
- Cibler une durée minimale de 12 semaines, avec au moins 2 séances hebdomadaires
Suivre l’évolution cardiovasculaire, notamment via des outils non invasifs comme la FMD ou l’analyse de variabilité de fréquence cardiaque (HRV)
Soigner le cancer, mais aussi le cœurL’oncologie moderne doit viser la survie globale et la qualité de vie. L'exercice physique, au-delà de ses bénéfices musculaires ou psychologiques, démontre ici sa capacité à préserver la santé vasculaire, souvent négligée dans la trajectoire de soin.
Grâce à cette synthèse, les auteurs rappellent qu’un simple programme bien encadré peut déjà amorcer une réparation de l’endothélium. Et cela change tout pour l’avenir cardiovasculaire de ces patients.