Avis du pôle scientifique Médiamphi
Pastille verte
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La méthodologie de cette revue systématique et méta-analyse permet de limiter le risque de biais.
Les athlètes ayant un faible pourcentage de FM présentaient une capacité aérobie plus élevée et davantage de marqueurs biochimiques sanguins associés à un processus anabolique, ce qui peut considérablement affecter la capacité d’exercices des athlètes. Cependant, 4 semaines de désentraînement suffisent pour réduire de 6 à 20% la consommation maximale d’oxygène (VO2peak) chez les athlètes très entraînés.
Cette étude est donc la première à utiliser à la fois une méta-analyse et une méta-régression pour étudier l’impact de la pandémie COVID-19 sur la composition corporelle (masse grasse et masse non grasse) et la condition physique (puissance musculaire, capacité cardiorespiratoire et sprint) des athlètes, ainsi que pour explorer les modérateurs possibles de ces effets, tels que l’impact des premières fermetures en 2020 et les longues périodes de désentraînement causées par les restrictions sociales liées à la COVID-19. Nous avons émis l’hypothèse que la pandémie de COVID-19 aurait un effet négatif sur la composition corporelle, avec une augmentation de la masse grasse et une diminution de la masse musculaire, ainsi qu’une baisse de la capacité cardiorespiratoire et de la puissance musculaire.
Matériel et méthodes
Stratégie de recherche
Des recherches ont été effectuées dans PubMed, Web of Science et Scopus, à partir de 2020, étant donné que l’infection par la COVID-19 ne s’est répandue dans le monde qu’au début de l’année 2020, et que les confinements causés par le virus n’ont commencé qu’en Février et Mars dans la plupart des pays selon l’OMS.
Cette étude a été réalisée conformément aux directives PRISMA.
Critères d’éligibilité
Les articles qui étudiaient l'effet de la distanciation sociale pendant la pandémie de COVID-19 sur la performance physique ou la composition corporelle des athlètes ont été inclus.
Les articles devaient contenir des données avant et après la distanciation sociale, ou pendant une certaine période de la pandémie, chez des athlètes d'élite. Les athlètes devaient s'entraîner régulièrement pendant la semaine et participer à des compétitions nationales ou internationales.
Les critères d'exclusion comprenaient les articles portant sur des performances ou une composition autodéclarée et les études portant sur des athlètes souffrant d'un certain type de handicap. En outre, les athlètes pratiquant depuis moins d'un an n'ont pas été inclus, de même que les études comparant des athlètes atteints de la COVID-19. Les articles publiés sous forme de résumés, de mémoires et de thèses n'ont pas été pris en compte dans cette analyse.
Résultats
La recherche initiale a permis d’identifier 8959 articles potentiellement pertinents. Après le processus de sélection, 29 études ont été incluses dans notre examen systématique. Cependant, certains articles n’ont pas fourni de données avant ou après la pandémie sous forme de moyenne et d’écart-type (même après que nous les avons demandées à l’auteur correspondant), de sorte que la méta-analyse a porté sur 24 études.
Caractéristiques des études incluses
En résumé, 691 athlètes au total ont été inclus dans 23 études portant sur les hommes (593 athlètes), 2 études portant sur des femmes (32 athlètes) et 4 études portant sur des hommes et des femmes (66 athlètes). Les caractéristiques des études incluses sont détaillées dans le Tableau 1.
Méta-analyse
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Masse corporelle : la moyenne des changements était de 1,1 kg (de -1,1 à 4,5 kg), ou de 1,7% (de -1,4 à 7,4%). Nous avons constaté un changement significatif (p=0,006) (augmentation de la masse corporelle).
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Pourcentage de masse grasse : la moyenne des changements était de 0,5% (de -1,5 à 2,5%). Nous avons constaté un changement non significatif (p=0,54).
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Masse grasse : la moyenne des changements était de 1,3 kg (intervalle de -0,4 à 2,8 kg), soit 11,6% (intervalle de -4,0 à 22,0%). Nous avons constaté un changement non significatif (p=0,087).
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Masse non grasse : la moyenne des changements était de -0,3 kg (intervalle de -1,2 à 1,3 kg), ou de -0,9% (intervalle de -3,3 à 1,7%). Nous avons constaté un changement non significatif (p=0,17).
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CMJ – Countermovement Jump : la moyenne des changements était de 0,3 cm (de -1,7 à 6,1 cm), ou de 0,8% (de -4,7 à 15,4%). Nous avons constaté un changement non significatif (p=0,99).
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VO2peak : nous avons constaté un changement non significatif (p=0,14).
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Sprint : nous avons constaté un changement non significatif (p=0,22).
Méta-régression
Le Tableau 2 présente la méta-régression des modérateurs pour le poids corporel et les variables du CMJ.
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L’âge (p < 0,001)
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Le temps de suivi-semaine- (p < 0,001)
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Le niveau de pratique -élite ou non élite- (p < 0,001)
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L’âge (p < 0,001)
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Le temps de suivi-semaines- (p < 0,001)
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Le niveau de pratique -élite ou non élite- (p < 0,001)
Discussion
Notre méta-analyse a démontré que la pandémie de la COVID-19 n’a pas eu d’effet négatif sur la condition physique. Cependant, il est important de mentionner que, durant cette période, la plupart des athlètes analysés suivaient des programmes d'entraînement à domicile. Nos résultats vont dans le sens des recommandations formulées par d’autres auteurs, qui soulignaient que la pratique régulière d’exercices à domicile pendant la période de distanciation sociale était le meilleur moyen d’atténuer la perte de fonction chez les athlètes.
Mujika et Padilla (2000) ont constaté une réduction de 6 à 20% de la VO2max après une période de désentraînement de 4 semaines chez des athlètes très entraînés. Cependant, les résultats obtenus dans notre travail ont montré que l’entraînement à domicile était une intervention efficace pour maintenir la condition cardiorespiratoire pendant le confinement. Il convient donc d’être prudent dans l’interprétation de ces données et de mener d’autres études pour confirmer nos résultats.
Les données suggèrent que les athlètes ayant des niveaux de force initiaux élevés peuvent souffrir d’une réduction de la puissance, alors que la capacité de saut des individus ayant des niveaux de force inférieurs peut ne pas être influencée par une période d’inactivité.
En ce qui concerne la graisse corporelle, il n’y a pas eu de changements significatifs dans la masse grasse ou le pourcentage de graisse, bien que les athlètes aient augmenté leur masse corporelle totale. Chez les non-sportifs, J. Arjmand et al. (2023) ont mené une étude de cohorte auprès de 24968 participants et ont constaté qu’une grande détresse psychologique était fortement associée à des niveaux plus élevés d’alimentation émotionnelle et de consommation d’aliments riches en sucres. D’autres études devraient être menées pour comprendre précisément les différentes relations expliquant ce résultat.
Enfin, il convient de mentionner que la plupart des études analysées ici portaient sur des hommes. Malgré la controverse concernant la différence entre les sexes en matière de performance physique, Ivey et al. (2000) ont rapporté que les hommes conservaient les bénéfices de l’entraînement physique sur le volume musculaire (malgré 31 semaines de désentraînement), alors que les femmes ne montraient pas la même capacité. D’autre part, une autre étude a rapporté que les femmes conservaient la force acquise après une période d’inactivité de 31 semaines, alors que chez les hommes la perte de force musculaire était significative. Ces études nous amènent à prendre en compte les résultats, notamment en considérant que le sexe est une variable qui peut réguler la qualité musculaire (masse et force musculaire) lors d'une intervention de désentraînement.
Conclusion
En résumé, les athlètes ont maintenu leur puissance musculaire, leur capacité cardiorespiratoire et leur vitesse de sprint, et ont évité des changements significatifs de leur masse grasse/masse non grasse pendant la pandémie du COVID-19. Cependant, ils ont augmenté leur masse corporelle totale.
Par conséquent, ces données renforcent l'importance des séances d'exercices généraux de force et d'endurance pour maintenir la condition physique pendant les périodes de non- compétition, ou en raison d'un confinement obligatoire. Des stratégies telle que la combinaison de l'entraînement et du régime alimentaire pour prévenir la prise de graisse corporelle devraient être utilisées, surtout si une longue période de désentraînement est nécessaire.
Référence article
Rosa BV, Maldonado AJ, de Araújo AO, Neves LM, Rossi FE. Impact of the COVID-19 Lockdown on the Body Composition and Physical Performance of Athletes: A Systematic Review with Meta-Analysis and Meta-Regression. Healthcare (Basel). 2023 Aug 17;11(16):2319. doi: 10.3390/healthcare11162319. PMID: 37628517; PMCID: PMC10454760.